L’Amour Divin

Article de Serge Chauzy dans Toulouse Classic
mis en ligne le 7 octobre 2018
Du sacré des origines à son expression actuelle
La 23ème édition du festival Toulouse les Orgues bat son plein. Les tuyaux des prestigieux instruments que compte la Ville rose retentissent des sonorités les plus diverses. L’innovation est au coeur de la nouvelle  programmation imaginée par le directeur artistique du festival Yves
Rechsteiner. Les deux premiers concerts de cette édition 2018 témoignent de la diversité tous azimuts qui préside à cette célébration.

Œcuménisme et austérité
Le 3 octobre dernier, la cathédrale Saint-Étienne héberge le concert d’ouverture intitulé « L’Amour divin », organisé en partenariat avec Odyssud-Blagnac. Du fait de travaux affectant la nef raimondine, c’est la nef gothique qui accueille les musiciens autour desquels se presse la foule
compacte des spectateurs. Depuis cette nef, la vue sur l’orgue de tribune suspendu « en nid d’hirondelle » s’avère impressionnante. Ce spectacle premier illustre la fonction religieuse de l’instrument-roi à travers une mise en perspective des chants sacrés d’Orient et d’Occident.

L’organiste Paul Goussot – Photo Alexandre Ollier –

L’Ensemble vocal Lumière d’Orient, dirigé par Frédéric Tavernier-Vellas, s’emploie tout au long de ce programme à établir un dialogue œcuménique entre les traditions musicales des trois religions
monothéistes. Ainsi alternent tout au long du concert des chants issus des traditions chrétiennes, musulmanes et juives. Ces interventions vocales, qui puisent leurs origines dans la nuit des temps, sont reliées entre elles par des séquences d’improvisation de l’organiste Paul Goussot aux claviers du grand instrument de tribune.
Rappelons que cet orgue monumental, le plus ancien de la ville rose, fut construit par Antoine Lefèbvre (en 1612), puis restauré par l’inévitable
Aristide Cavaillé-Coll (en 1849) et enfin reconstruit par Alfred Kern (en 1976).
Ce fil rouge instrumental commente, en quelque sorte, les chants déclamés selon chaque tradition par des artistes rompus aux styles anciens. L’improvisation initiale, solennelle et brillante donne le signal du départ de ce voyage sacré à travers les siècles. Trois styles, essentiellement
monodiques, se succèdent donc, dialoguent, se répondent, exaltent leurs cultures esthétiques et spirituelles.

Les traditions musicales séfarade, byzantine, soufie, grégorienne, toutes monodiques, sont parfois confrontées à une timide polyphonie  d’inspiration romane ou autre. Une certaine austérité, à laquelle le public d’aujourd’hui n’est plus vraiment habitué, se dégage de cette succession
d’évocations-invocations. (…) Si l’on résiste au défi du temps, comme suspendu, on peut néanmoins observer une certaine convergence entre les styles des différentes traditions, des points communs insoupçonnables. Soulignons la grande qualité des prestations vocales des uns et des autres. Outre Frédéric Tavernier-Vellas, le directeur artistique de l’ensemble, on découvre les subtilités vocales et expressives d’Aïcha Redouane et d’Habib Yammine, ainsi que les contributions concertées de Jean-Christophe Candau, Jean-Etienne Langianni, Antoine Sicot et Raphaël Robin.
Quant aux interventions à l’orgue de Paul Goussot, elles résonnent comme une respiration polyphonique indispensable entre les déclamations vocales. Les riches sonorités de l’instrument, le jeu nuancé et dynamique de l’interprète se conjuguent pour apportent une contribution décisive à ce parcours initiatique.

Coût artistes : 8000 euros
Voyages, hébergements en chambres individuelles (deux nuitées) et défraiements repas à la charge de l’organisateur.

Direction et chant :


Orgue / Chant / Percussion :

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